Recherche
Chroniques
Louis-Nicolas Clérambault – Louis Marchand
pièces pour clavecin
Issu d’une famille qui sert l’État depuis Louis XI (XVe siècle), et répertorié comme l’un des Vingt-quatre Violons du Roi, Dominique Clérambault transmet le goût de la musique à son fils Louis-Nicolas (1676-1749). Ce dernier approche donc le violon, le clavecin mais surtout l’orgue que lui enseigne André Raison, le préparant à œuvrer dans nombre d’églises parisiennes (Grands-Augustins, Saint-Sulpice, Grands Jacobins). À ce pionnier d’une écriture libérée du plain-chant, il dédierait son Premier livre d’orgue – contenant deux suites du 1er et du 11ème ton. Avec Jean-Baptiste Moreau, connu grâce aux musiques de scène pour Racine, il étudie la composition et le chant, à l’instar de Montéclair et Dandrieu.
Devenu très actif dans le domaine de la cantate profane – notamment dès 1710, avec des commandes de Louis XIV qui lui ouvre les portes de la fameuse Maison de Saint-Louis (Saint-Cyr) –, Louis-Nicolas Clérambault l’est d’autant moins dans celui de la musique pour clavecin. Il laisse seulement deux pages à l’allégresse élégante, frôlant l’introspection dans leur majesté : les Suite en ut majeur et Suite en ut mineur (1702/03).
Né quelques années auparavant, Louis Marchand (1669-1732) est le premier rival de Couperin dans l’art de l’orgue et du clavecin. C’est que le Lyonnais est issu d’une famille d’organiste et joue à la cathédrale de Nevers dès l’âge de quinze ans. Arrivé à Paris en 1689, il épouse la fille du facteur de clavecin Louis Denis. En 1708, il succède à Guillaume-Gabriel Nivers à l’un des quatre postes d’organiste de la Chapelle Royale, mais jusqu’en 1713 seulement puisqu’un petit scandale en présence du roi lui aurait coûté sa place. Il parcourt l’Europe, et notamment l’Allemagne, avant de revenir en France pour y finir discrètement sa carrière.
En 1699 éclot le Premier livre de Pièces de clavecin dont est extraite la Suite en ré mineur, tonique voire sévère, que couronne le Menuet final d’une délicatesse inattendue. Marchand quitte l’éditeur Claude Roussel pour Christophe Ballard ; il fait paraître le Second livre, avec la Suite en sol mineur (1702), plus calme et moins corsetée. Viennent ensuite trois pièces indépendantes : La Vénitienne (1707), qu’on trouve dans un recueil de pièces choisies par Ballard, ainsi que Gavotte et Badine, laissées à l’état de manuscrit (conservées à Berkeley et Londres).
Élève d’Emilia Fadini, Pierre Hantaï et Christophe Rousset, Luca Oberti est salué comme un talent prometteur. Pour ce programme en amont de l’âge d’or du clavecin français [lire notre critique du CD], il joue sans faillir une copie signée Andrea Restelli d’un instrument conçu par Jean-Claude Goujon, ravalé par Jacques Joachim Swanen, et qu’abrite désormais le Musée de la musique (Paris).
LB